DE LA RESPONSABILITE DES MEDIAS (Ep1)


silence

 

Lorsque, en novembre, il fut avéré que les complices des terroristes de Paris venaient partiellement de Molenbecke, en Belgique, un généreux black-out fut décrété sur les réseaux sociaux belges et fut respecté. Pas d’informations, rien ne sera divulgué tant que la police n’aurait pas fini son travail d’investigation, de mise en demeure et d’arrestations.

Une entreprise noble et exemplaire.

Une coupure partielle, éphémère et efficace du flux perpétuel d’informations à chaud.

Les terroristes furent arrêtés.

Et la vie reprit son cours.

Quelques mois plus tard, un des terroristes qui s’était échappé et qui était activement recherché (voilà, par exemple, une formule toute faite que j’abomine, parce que je me demande dans quelles mesures on peut être amené à rechercher quelqu’un « passivement »…) fut retrouvé et interrogé. En réaction, sa cellule déclencha les attentats que l’on sait, dans l’aéroport et la métro bruxellois.

Et fini le black-out ?

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La recherche de l’information sensationnelle et affective, pathétique, reprend son cours.

Les affects ne me dérangent pas.

Mais entre nous… Connaître la vie du terroriste ? Comprendre ses antécédents ? Me projeter dans sa vie de petit dealer de banlieue ? Je ne suis pas psychologue, je ne souhaite pas l’être, en tout cas pas avec eux. Je ne veux rien savoir d’eux, si ce n’est qu’ils ont été arrêtés. Jugés. Froidement. Surtout pas sur le plan de l’affect. Entendre son frère, sa sœur, sa mère, son oncle, qui tous désapprouvent a posteriori ses actions.

On a déjà oublié les noms des victimes du mois de novembre à Paris. Moi, non, j’y ai perdu une étudiante, au moins, plusieurs en vérité. Par contre, on me ressasse les oreilles avec des noms d’origine maghrébine. Des noms que je voudrais voir oubliés dans les obscurités de l’Histoire.

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Alors, oui, si les lecteurs conditionnent l’existence de certains médias creux et vides de sens (Gala, Voici, TPMP, etc.), a contrario, les médias, et plus précisément, les médias d’actualité en flux continu, ceux qui courent après l’information sans jamais véritablement apporter une once de réflexion ou d’analyse ou de recul, ou de parti-pris (comme le black-out belge de novembre 2015), ces médias-là sont RESPONSABLES.

Responsables de ne pas prendre le contrepied des stratégies médiatiques des terroristes. Les groupes comme Daesh, Al-Qaïda, élaborent des stratégies de communication 360 degrés (pour les non-initiés, ils usent de tous les médias, depuis le print jusqu’au web) et les médias occidentaux FONT PARTIE de cette stratégie. Ils jacassent, et les terroristes le savent.

Quand un terroriste se fait exploser ou tue des dizaines de victimes civiles, son nom apparaît en gras sur la une des journaux. Pas celui des victimes. Alors, bien sûr que les petits dealeurs insignifiants voient dans cet ultime acte d’autodafé humain la consécration au statut de STAR. Et sans doute moins éphémère que les artistes en graine des émissions de télé-crochet.

Qui se souvient du nom des trois soldats assassinés par Merah ?

Qui se souvient du visage de ces soldats ?

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Et j’en passe, hein ?

J’insiste : les médias font le jeu des terroristes.

Et ce n’est pas près de finir.

(à suivre)

 

 

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