Une critique de mon roman « Disent les femmes ».


Il y a quelques années, disons maintenant une bonne dizaine d’années, une lectrice de « Disent les femmes » m’avait transmis son ressenti après lecture. Je suis retombé dessus aujourd’hui.

Tout ce qui suit est donc d’elle et d’elle seule.

 »

Une multitude de portraits , autour d’un solitaire , qui se ballade parmi des amitiés masculines , fondatrices , identitaires  , des relations aux autres et particulièrement aux femmes , celles de son siècle, dans leur consistance comme dans leur vacuité , définissent ce livre , en font la toile de fond d’une réflexion ontologique qui confronte , rassemble et compare les deux sexes .

La nature féminine , tantôt sublimée par des conceptions sentimentales , par un regard avisé de fin connaisseur , tantôt avilie , dépeinte dans sa vilenie , sa force d’asservissement , dans ce qu’elle connaît de plus abjecte , de plus redoutable .

Différentes formes , différents visages construisent l’identité de la femme , de l’idée que s’en fait le personnage , par des virages historiques , un contexte social savamment ressenti , et par les rencontres , de la femme mutine , amante asentimentale , à La femme , l’anonyme , englobant tout ce qu’elle sait être face à un homme , au sein d’un couple , la castratrice , la mangeuse d’homme , de celles qui annihilent toute intervention phallique , comme force féconde , comme pilier décisionnel ,  celui qui ne veut pas se soumettre .

Un tableau parfois sinistre , ou bien défaitiste , de la place de cette déesse dans la tête des hommes , matérialisant l’aura maternel et le fantasme sexuel , qui peut aliéner sa bestialité naturelle de peur d’y succomber et repousser les cadres pré-établis .L’hypocrisie des femmes , leur fausse tranquillité , deviennent des appels insatiables à l’engloutissement de leurs compères parfois faibles et couverts de qualités surannés de vieux pères nourriciers.  L’erreur de jugement des hommes , véhiculée par des siècles d’errance , de valeurs qui s’inversent dans un siècle de la décadence , du fameux libéralisme économique , ou la vague latente consommatrice pénètre les sphères matriarcales et forgent l’esprit de ces nouveaux prédateurs , aux effluves évocatrices de domination , parées d’une vertu possessive que leur inconscient leur impose . ces femmes qui engendrent des hommes désarmés , que la désillusion du personnage reflète , dans ses troubles les plus profonds , ou la femme s’offusque de perdre le pouvoir , ou la vengeance féminine est un plat qui se savoure au repos , dans l’enfer doré du quotidien conventionnel .

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Le refus total de cet homme de faillir à sa liberté , à son indépendance d’homme , dans le sens de sa force spontanéité  , virulente et carnassière , cannibale et vorace , mangeuse de la chair tendre et voluptueuse de la femme qui transpire , vibrante et vivante.

Un voyage sexuel , qui vient illustrer cet attirail de sentiments , qui est finalement lui-même teinté d’émotions , ou d’absence d’émotions , quand les barrières ont été franchi .

Un jeu , parfois coquin , apaisant et salvateur , ou la force de la sexualité , dans ce qu’elle connaît de plus ludique , désamorce les faiblesses , les suppose acceptables . L’extrêmité perverse latente , absolument tue , de l’échange de corps consentants , désinhibés , qui rivalise avec la sensualité du sexe éprouvé , sublimé, juste suggéré par les sensations subtiles d’un attachement à celle qui devient au départ l’exception , portée sur la véritable rencontre , sur le choix d’Elle et pas d’une autre , par souci sentimental , masqué mais que l’on devine .Les fêlures de la relation connue , reconnue , dans ses méandres palpables , les prémisses de la casse , de la rupture psychique , sentimentale , qui amèneront la rupture physique se laisse entrevoir .

La descente aux enfers , la déprime d’un homme face au mensonge susurré de la femme qui emprisonne , sans même le savoir , qui étouffe et abreuve l’être d’un schéma archaïque d’ « avoir » et non plus d’ « être » .

Le soulèvement de cet homme , qui décide de détruire pour ne pas subir , un long processus machiavélique de retournement de situation qui le fait survivre , une manipulation d’abord féminine qui se retourne contre elle-même , un combat par l’usure qui trouve sa raison à la dernière ligne .Un épuisement sexuel , une perte de repères aussi , un abîme qui s’installe .

Et puis l’angoisse finalement , toujours traduite par le sexe , évanescent dans les traits d’une jeune fille , qui demeure absente et qui pose la question de la fin des ébats , de l’aboutissement de la gratuité , du non-engagement  , de l’existence d’un épanouissement avec , ou bien contre , la femme et ses contours.

Une quête , forcément désespérée , à travers les échanges de coq des hommes , dont certains éprouvent la souffrante déception, autour des images que renvoient toutes ces femmes , négligentes , dominatrices , outrageusement malicieuses .

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Quand il s’agit de chercher , de choisir tel ou tel penchant , de comprendre l’humanité étriquée dans laquelle nous vivons , il s’agit au préalable de refuser . Et c’est ce que le personnage fait , il refuse , rejette en bloc , se positionne .

Il déambule , en réalité , c’est un grand sensible , une de ces âmes qui a vécu et qui veut vivre encore , embraser la flamme du désir constructeur , qui n’est pas vain et qui se détache de tous principes , qui s’en fait le combattant le plus assidu , pour mener sa barque sur le fleuve de ses envies , bien plus profondes que les simples pulsions banales du commun des mortels .

Il sonde le genre féminin , enfin dit-il , cherche la parole des femmes , jauge de leurs attitudes , pour dépeindre un ressenti terriblement masculin , qui use de tous ses outils physiologiques et accommode son esprit sur les rives d’une sexualité significative , bien huilée ( si je puis dire…) , sublimée par des mouvements , des théories , qui loin d’être fumeuses, sont enrichissantes pour qui les lit et vraiment remarquables…

 

 

J’ai relu votre livre ce soir avant d’écrire ceci , il me fallait l’intégrer une nouvelle fois , sortir du champs sensationnel , que son premier effet avait eu sur moi et comprendre la percée de ce texte , que je n’avais peut-être pas assimilé au départ…

 

J’espère ne pas venir écorcher votre livre…. »

Après quelques années, je peux lui dire merci, merci d’avoir consacré tant de temps à me lire d’abord, puis à me relire, puis à écrire cette critique élogieuse. Puis d’avoir accepté d’être publiée.

Merci Camille !

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